LA BOMBE : UN THEME DE L'ART EN GÉNÉRAL

Il est particulièrement remarquable que le drame de la bombe ait eu des répercussions dans toutes les formes artistiques, qu'elles soient musicales, plastiques ou cinématographiques, ainsi que dans tous les genres littéraires y compris la bande dessinée.

Si la bombe a marqué tous les arts c'est sans nul doute dû à un ensemble de facteurs tant humains que politiques. Le pouvoir de destruction aveuglant et les effets anihilants de la bombe sur des populations entières ont terrifié et horrifié.

De plus, le fait que l'homme soit désormais capable d'anéantir l'ensemble de la planète en quelques secondes a ébranlé non seulement nos conceptions des relations humaines mais également notre perception du monde ainsi fragilisé.

En outre la bombe a entraîné une large méfiance à l'égard des progrès scientifiques.

Cependant l'arme atomique a également été récupérée dans un but politique en tant que moteur du mouvement pacifiste et instrument idéologique de la gauche contre les Etats-Unis.

LA BOMBE : UN THEME DANS LA LITTÉRATURE MONDIALE

Toutefois cette influence de la bombe n'apparaît dans la littérature et les autres formes artistiques que dans les années cinquante. Ce n'est en effet qu'au début de cette décennie que les Américains lèvent la censure qui avait empêché de divulguer les documents et analyses relatifs aux explosions atomiques à Hiroshima et Nagasaki. Et ce n'est qu'après la signature du traité de San Francisco, rendant au Japon sa souverainté en 1951, que les rapports, photos et témoignages sont publiés et divulguent au monde l'ampleur de cette apocalypse.

Dans la littérature, au niveau mondial, les premiers récits qui reflètent l'expérience de la bombe sont des témoignages venant du Japon tels le roman Cité des cadavres de Yoko Ata et le recueil de poèmes de Tamiki Hara Fleurs d'été, deux auteurs «atomisés»1. Mais il s'agit là d'une exception car l'art romanesque et le lyrisme ne vont aborder cette thématique qu'à la fin des années cinquante.

En effet, avec l'arrivée des documents et témoignages, c'est la science-fiction qui va, parmi les genres littéraires, s'emparer la première de cette thématique car le fantasme de destruction des auteurs de science-fiction va se transformer en rhétorique du désastre. Hiroshima et l'apocalypse réalisée qu'elle représente ont paradoxalement cautionné un genre littéraire peu reconnu jusqu'alors.

La science-fiction va très tôt creuser cette veine2 et dramatiser d'autres catastrophes nucléaires et les mondes qui y survivraient.

Puis vont paraître des oeuvres romanesques, entre autres des romans psychologiques, qui abordent les problèmes de conscience des «acteurs» de la bombe, ou des romans de réflexion qui témoignent de la crise de confiance en la science3 après qu'aient été dévoilés les documents sur Hiroshima et Nagasaki mais aussi après l'expérimentation par les Américains de la bombe à hydrogène sur l'atoll de Bikini en 1954, qui irradia des pêcheurs japonais.

Le théâtre a également été inspiré par Hiroshima: Becket en présente une métamorphose dans Fin de Partie et le titre End of the World de la pièce de Kopit est tout aussi révélateur de son orientation. Un autre exemple dont le réalisme est tout à fait horrifiant est Pièces de Guerre de l'auteur anglais Edward Bond. Il fait partie des «Angry Young Men» des années cinquante qui ont été largement contestés pour l'extrémisme de leurs idées, sans doute parce qu'ils mettaient à nu sans ménagement la société et dénonçaient avec violence les attitudes de leurs contemporains. Bond a fait l'objet de critiques virulentes à cause de la brutalité de ses pièces qui mettent en exergue les pires traits humains. On lui a reproché d'avoir mis en scène dans Saved des enfants qui lapident un bébé dans son landeau sans aucun motif. On cria à l'époque à l'invention ignominieuse arguant que jamais des enfants ne pourraient en tuer un autre sans raison. Et pourtant la réalité dépassera un jour la fiction, lorsqu'en 1993 en Angleterre des enfants d'une dizaine d'années enmèneront un garçon de deux ans , qui leur était totalement inconnu, le tortureront et le tueront ...

Ce réalisme des pièces de Bond ne peut que nous effrayer car, dans Pièces de Guerre, il dévoile la réalité de la société, juste avant la catastrophe, et analyse les comportements «humains» des survivants de la guerre atomique avec une telle vraisemblance que le spectateur ne peut en être que terrifié.

Par ailleurs la bombe a aussi très largement influencé les poètes de toutes audiences, qu'ils soient poètes de métier ou occasionnels. On gardera sans doute gravé dans la mémoire le spectre de la fillette dans un texte du poète turc Nazim Hikmet :

Je frappe à vos portes
A combien de portes ai-je déjà frappé
Personne ne peut me voir
Parce que les morts sont invisibles.

Je suis morte à Hiroshima
Il y a dix ans de cela
Je ne suis qu'une enfant, je n'avais que sept ans
Les enfants morts ne grandissent plus

Le feu s'empara d'abord de mes cheveux
Puis mes yeux ont brûlé
Mon corps n'était plus qu'une poignée de cendres
Mélangées au vent, dans le ciel couvert

Vous ne pouvez plus rien pour moi
Rien, rien, mais comprenez
Qu'un enfant qui brûla comme du papier
Jamais ne pourra manger vos bonbons

Je frappe à vos portes
Donnez-moi votre assentiment
Afin que jamais plus des enfants ne soient tués
Et qu'eux puissent manger des bonbons.4

LA BOMBE DANS LA LITTÉRATURE NÉERLANDOPHONE.

La bombe atomique a eu sur la littérature en Flandre et aux Pays-Bas une influence similaire à celle du niveau mondial, dans ce sens qu'elle est représentée dans tous les genres littéraires en néerlandais. De plus, ce thème de l'arme nucléaire et de ses conséquences est traité sous des angles similaires à ceux de la littérature mondiale.

Voici quelques exemples issus de la littérature néerlandophone où la bombe apparaît comme un thème central et qui témoignent de la variété qu'on peut y trouver et ce de la fin des années cinquante à nos jours. En effet, Hiroshima, le développement des armes atomiques, la menace que celles-ci représentent et la psychose alimentée par la guerre froide ont marqué plusieurs générations d'écrivains qui publient encore maintenant.

Dans la science-fiction, la menace atomique est illustrée par le roman Vallende Ster (Etoile en chute) de Sjoerd van de Werf, dans lequel une base spatiale soviétique avec un réacteur nucléaire quitte son orbite et menace de s'écraser sur la terre.

En ce qui concerne le récit, des nouvelles de la plume d'auteurs connus des années cinquante tels Theun de Vries et Bert Schierbeek entre autres, ont été rassemblées dans des recueils comme De dag dat de bom valt (Le jour où la bombe tombe). Le genre romanesque traite quant à lui surtout l'aspect psychologique de la bombe, que ce soient les remords des «acteurs» de la bombe comme dans Een zon op Hiroshima (Un soleil sur Hiroshima) de Manuel van Loggem ou des tortures psychologiques des civils face à la menace d'un bombardement nucléaire imminent dans le roman épistolaire de Félix Dalle De bom : Kroniek (La bombe: chronique).

Dans le théâtre, la bombe n'apparaît que plus tard, en 1985, dans la pièce Blindeman (Colin-Maillard) de Hugo Claus. Claus est sans doute l'auteur et dramaturge flamand le plus connu à l'étranger, notamment pour Le chagrin des Belges. Dans Colin-Maillard il met en scènft dix survivants d'une guerre atomique qui pour «passer le temps» et lutter contre la dégradation de leur corps (entre autres les yeux) jouent «Oedipe». Cette utilisation de la langue (par le théâtre) est leur ultime combat pour la vie ou plutôt la survie.

En poésie, on assiste à un phénomène très intéressant qui est celui des revues littéraires. La littérature néerlandophone est dans l'après-guerre en proie à un malaise. La poésie est partagée d'une part entre un courant dominé par la désillusion et l'amertume d'une société ravagée par la guerre et la recherche d'une innovation littéraire, et d'autre part un engagement politique dans la littérature. Ces deux tendances vont surtout s'exprimer par la création d'une multitude de petites revues littéraires - plus impressionantes du point de vue quantitatif que du point de vue qualitatif - qui vont permettre d'exprimer, mais aussi de nuancer, les engagements tant littéraires que politiques dans la littérature néerlandophone. Ces revues sont à la fois des laboratoires littéraires et des courroies de transmission des idées. Dans les revues littéraires de gauche, c'est l'engagement politique qui prime et le pacifisme y est un thème particulièrement bien représenté. L'engagement contre la bombe atomique est notamment largement traité dans les revues Kruispunt (Bruges 1959), pour la Flandre, Kentering pour les Pays-Bas (Delft-Rotterdam 1959-1977).

Kruispunt publie des textes d'auteurs de gauche reconnus en Flandre, comme Marc Braet, résistant et communiste, mais aussi de gens qui n'appartiennent pas au monde littéraire mais sont employés, ouvriers ou syndicalistes.

Poètes affirmés ou occasionnels s'expriment via un texte littéraire court - le poème - qui rend compte de leurs émotions et inquiétudes ou de leurs révoltes et engagements. De par le caractère immédiat de publication de ces revues, celles-ci deviennent des baromètres de la société, reflètant les préoccupations et l'état d'esprit des gens face à certains événements.

Dans la revue Kruispunt les textes abordant le thème de la bombe abondent entre 1959 et les années quatre-vingt, comme par exemple le poème de Mark Braet Angoisses au pluriel :

«...
Er barst een zwarte vloek
op de aarde.
Er valt een witte waanzin
door iedere ruit.
Angst in meervoud
splitst elk zonder geluid.»

«Une noire malédiction éclate
sur la terre.
Une folie pure traverse
toutes les vitres.
Angoisses au pluriel
fendent chacun sans bruit. »5


Il faut également remarquer que dans le monde cinématographique en Flandre, aussi restreint soit-il, l'arme nucléaire a laissé des traces, comme en témoigne le film de Robbe de Hert De bom, dans lequel Louis Paul Boon, un des écrivains de gauche les plus connus en Flandre, joue le rôle principal. Il s'agit d'une satire du sentiment de puissance qu'ont les détenteurs de l'arme nucléaire puisque, dans le film, il s'agit d'un petit garagiste d'un village perdu du Limbourg qui découvre une bombe atomique perdue lors d'un transport, et qui donc, lui aussi, va faire partie des «grandes puissances» !

Si les formes littéraires varient, les façons d'aborder le thème de l'arme nucléaire sont souvent semblables, dans ce sens que c'est l'aspect psychologique et l'engagement poli-tique pacifiste qui restent dominants à travers les différents textes.

Tout d'abord l'aspect psychologique est abordé soit du point de vue des «acteurs» de la bombe soit de celui des victimes ou des rescapés.

Sans doute le biais de la torture psychologique des scientifiques «créateurs» de la bombe ( comme dans le roman de Roger Fieuw De Jappanse visser, Le pêcheur japonais ), des pilotes ou du navigateur de l'Enola Gay qui donna le feu vert pour le lancement de la bombe d'après les conditions météorologiques (comme dans le roman de Van Loggem Een zon op Hiroshima) permet aux auteurs d'exprimer leurs propres sentiments de culpabilité. La confession et l'analyse de leurs personnages en proie à des problèmes de conscience face à l'apocalypse qu'ils ont rendu possible agit comme un processus de catharsis non seulement de ces «acteurs» de la bombe mais également du reste du monde. Les auteurs tentent si pas de «purifier» au moins de mettre en évidence notre responsabilité collective dans ce crime de guerre souvent banalisé de par notre point de vue de vainqueurs. Les écrivains ne se positionnent pas en moralisateurs mais essaient d'une part d'exprimer le désarroi des gens face à un tel génocide et d'autre part dénoncent à la fois les politiciens d'avoir suscité ce génocide et les citoyens pour leur manque d'engagement et leur acceptation tacite des événements, même si ceux-ci les horrifient.

En ce qui concerne la torture psychologique des futures victimes de l'arme atomique, ce processus est le mieux mis en exergue par le récit de Felix Dalle De bom: kroniek. Il y décrit les angoisses, puis la psychose et enfin la folie et les tortures des civils qui attendent que tombent les bombes en «orbite» autour de la terre. Dans ce roman les civils luttent contre cette angoisse étouffante, provoquée par la menace de la chute possible d'une bombe atomique, en y opposant selon les caractères la raison, le pragmatisme ( l'organisation pour «après l'explosion» ), la démence, la violence ou les tentatives de suicide. Cette description de Dalle via le journal d'un père de famille, est le témoignage presque grotesque tellement il est dramatique, du lent processus de psychose dont souffrent les gens pendant la guerre froide.

Cependant, les victimes ce sont aussi les quelques rescapés de ces futures catastrophes nucléaires. Ils luttent pour survivre dans un monde anéanti et couvert de cadavres ou de mourants. Mais cette lutte va transformer ces gens et dévoiler à la fois des «dons», comme dans Blindeman de Hugo Claus, et les traits de caractère humain les plus noirs comme dans la nouvelle de August Leunis, Variantoù les survivants subissent une sorte de phase de régression et deviennent voleurs, assassins et cannibales alors qu'ils se savent condamnés.

Toutefois, dans la littérature néerlandaise, Jeroen Brouwers nous donne une perspective toute particulière des «victimes d'Hiroshima». Son roman Bezonken Rood est un hommage à sa mère avec qui il a passé trois ans dans les camps de concentration japonais, alors qu'il était tout jeune enfant. Il y décrit, à travers le regard d'un enfant de six ans, les représailles que les gardiens de camps vont infliger aux femmes occidentales, dont sa mère, au lendemain d'Hiroshima. Ces femmes ignoraient par ailleurs ce qui causait cette violence de la part des Japonais qui vont les torturer, incendier leurs baraques, détruire les rares denrées. Ce regard nuance sans doute l'image du Japon en tant que «victime» de la deuxième guerre mondiale.

Le deuxième aspect thématique de la bombe est l'engagement politique qu'elle a suscité dans la littérature de gauche. La motivation des écrivains est de sensibiliser leurs contemporains aux dangers de ces nouvelles armes et à cette puissance que l'homme s'octroie. Ils dénoncent par exemple dans le poème Oorbel (Boucle d'oreille)7 le jeu des politiciens qui jouent avec les bombes atomiques comme une femme le fait avec sa boucle d'oreille puis la laisse tomber...

Dans son poème Beschaving (Civilisation)8 Bernauw se demande qui est le plus «civilisé» du singe qui jette sa peau de banane de sa branche ou de l'homme qui de son bureau jette des bombes.

Le récit de catastrophes est par ailleurs une autre façon de dénoncer les dangers de la bombe. Les poètes et nouvellistes dépeignent avec réalisme les effets de la bombe sur les civils dans le but d'horrifier le lecteur pour le mobiliser contre l'arme atomique.

C'est le cas de Frans Weemaels qui décrit dans sa nouvelle De ramp (La catastrophe)9, l'explosion due à une bombe atomique sur une usine et la vie du seul survivant de cette catastrophe. La nouvelle de August Leunis Variant10, dévoile la Flandre ravagée par une bombe atomique où les survivants sont réduits à des êtres mus par l'instinct de conservation et agissant en dépit de toute «moralité» tout en sachant qu'ils n'échapperont pas à la lente décomposition de leur corps.

Toutefois le poème de Etienne Geerts Verwachting (Attente) est sans doute plus inquiétant de par la quiétude qui y régne:

“De bloemen voor het raam
en elk kwartuur de torenklok
Net kind nog diep in haar
nog zonder naam
nog zonder wrok,
het kind dat niets nog heeft misdaan
en dat misschien ter wereld komt
om aan haar borst te niet te gaan
Alleen, reusachtig groot
gekleed in paddestoel; de Dood.»

«Les fleurs à la fenêtre
et à chaque quart d'heure le clocher
L'enfant encore enfoui en elle
sans nom encore
sans rancune encore
l'enfant qui n'a rien fait de mal encore
et qui viendra peut-être au monde
pour être anéanti à son sein
Seule, gigantesque
déguisé en champignon; la Mort.»11

Tout aussi inquiétant, le poème de Wilgen De derde wereld-oorlog is voorbij (La troisième guerre mondiale est finie)12 décrit le calme des pierres luisantes au soleil, se plaignant de leur triste sort, quand soudain apparaît une curiosité hurlante et trébuchante, s'égarant d'un horizon à l'autre, et les pierres chuchotent, regardent et éclatent de rire en criant: un homme, un homme !

Restent les poèmes dont le ton est bien plus revendicatif comme celui de Raoul de Ruydt Atoomkreet (Cri -ou slogan- atomique)13 qui met en garde contre le danger des armes mais également de l'énergie nucléaire et qui dénonce la surdité des politiciens face aux protestations. Dans Bericht aan de bevolking (Avis à la population)14 Dirk Christiaens évoque le lien menaçant entre bombe atomique et rideau de fer. Stefaan van den Bremt, explique de même dans un de ses «poèmes politiques»15 le rôle du souvenir d'Hiroshima dans l'équilibre du monde :

« Zoals

de liefde blijft ais ze omslaat in haat.
schoonheid ontroert bij de gedachte aan ontbinding, Hiroshima een voetnoot was bij het Boek Openbaring,
de hoop vereeuwigd wordt door de balans van de vertwijfeling,
een jeugd overleeft met de slogan No Future,

zo

wordt de vrede nog het best gediend door het evenwicht
van de terreur.

...»

« Tout comme

l'amour persiste lorsqu'il devient haine,
la beauté s'émeut à la pensée de la décomposition, Hiroshima est une note de bas de page au livre de l'Apocalypse
l'espoir s'immortalise dans les balancements du désespoir,
une jeunesse survit avec un slogan No Future

Ainsi

on sert le mieux la paix par un équilibre
fait de terreur.

...»
16

Ainsi quelles que soient les perspectives dans lesquelles la bombe apparaît à travers cette dernière catégorie de textes, la motivation reste identique: épouvanter les lecteurs, afin de les sensibiliser aux dangers et aux enjeux que représentent les armes atomiques et ainsi les convaincre de la nécessité d'un engagement pacifiste.

Cependant cet engagement va évoluer et se déplacer avec les décennies vers une lutte contre les utilisations civiles du nucléaire. Deux romans témoignent de cette nouvelle préoccupation : Bloed. Een atoom-roman. (Sang. Un roman atomique) du néerlandais Roel van Duyn et Het gevaar (Le danger) du romancier flamand Jos Vandeloo. Ce roman, qui décrit la catastrophe dans une centrale nucléaire et la mort lente du personnel, a connu un énorme succès puisqu'il a été traduit en onze langues et fait par ailleurs partie des lectures prescrites dans l'enseignement secondaire en Flandre. Ces livres préfigurent la large sensibilisation pacifiste et écologiste des années septante et quatre-vingt.

Il apparaît donc nettement, qu'en dépit du dévoilement tardif de la réalité apocalyptique qu'ont été Hiroshima et Nagasaki, ces génocides -et plus tard, lors de la guerre froide, la menace de ceux-ci- ont marqué des générations d'artistes dont la littérature garde de nombreuses traces. Le microcosme littéraire que représente la littérature néerlandophone témoigne de cette influence de la bombe dans la thématique littéraire depuis la fin des années cinquante. Ce thème est présent à la fois dans des textes qui traduisent l'engagement politique pacifiste des auteurs et dans des oeuvres qui reflètent plus particulièrement la préoccupation, les angoisses et les problèmes de conscience qu'ont suscités les armes nucléaires et la menace de leur _utilisation lors de la guerre froide.

Cinquante ans après la première bombe atomique l'influence de celle-ci est encore vive en Flandre comme en témoigne cette commémoration particulière d'Hiroshima et Nagasaki à Bruges, l'été dernier, qui rassemblait des écrivains flamands de toutes audiences pour y réciter leurs derniers textes inspiré par la bombe et l'engagement pacifiste qu'elle a suscité....

Laurence METTEWIE
(Licenciée en Philologie germanique - U.L.B.)

NOTES :

 1 cités dans Ph. Pons, «Hiroshima mosaïque de mémoire», in Le Monde, 1/3 août 1995. Fait également partie de ce genre de documents: Hiroshima. Journal. du Dr. Michiko Hachiya (version néerlandaise publiée en 1955).
 2 par exemple Dahl Roald, Sometime Never, 1949.
 3 par exemple Walter Miller, Cantique pour Leibowitz et Le dernier rivage de Nevil Shute, cité dans J-C V., «Une impression durable sur la pellicule de l'art», in Le Monde, août 1995.
 4 traduction de L. Mettewie d'après le texte néerlandais publié dans «Nazim Hikmet - Gedichten», numéro spécial de Nouvelles de Turquie, septembre 1981, p.52.
 5 publié dans Kruispunt, nr. 12, 1961.Traduction L. Mettewie.
 6 publiée dans Kruispunt, nr. 65, 1979. publié dans Kruispunt, nr.4, 1960.
 8 publié dans Kruispunt, nr. 69, 1979.
 9 publié dans Kruispunt, nr. 4, 1960.
10 op.cit.

11 publié dans Kruispunt, nr. 12, 1961.Traduction L. Mettewie.
12 publié dans Kruispunt, nr. 24, 1967.
13 publié dans Kruispunt, nr. 70, 1979.
14 publié dans Kruispunt, nr.36, 1970.
15 Stefaan van den Bremt, «Flet breekpunt van het evenwicht», in Op een bordje volgt de rekening. Politieke gedichten. (1972-1981), Masereelfonds, Gent, 1982 , p.56.
16 traduction de L.Mettewie.

BIBLIOGRAPHIE :

1. Littérature de référence:

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BORK G.J. van et LAAN N., Twee eeuwen literatuur geschiedenis, Groningen, 1986.
BREMS Hugo, Analyse van een malaise: Het jongeren probleem in de Vlaamse poëzie. 1945-1950, uitg. Houtekiet, KULeuven, 1985.
J-C V., «Une impression durable sur la pellicule de l'art», in Le Monde, 6 aoCit 1995.
PONS Ph., «Hiroshima mosaïque de mémoire», in Le Monde, 6 aoi:Jt 1995.

2. Ouvrages littéraires:

BOON Louis Paul, De Bom, film recensie, Antwerpen, 1968.
BREMT Stefaan van den, Op een bordje volgt de rekening. Politieke gedichten. (1972-1981), Masereelfonds Gent, 1982.
BROUWERS Jeroen, Bezonken Rood, Dordrecht, 1981. CLAUS Hugo, Blindeman, Amsterdam, 1985.
DALLE Felix, De Bom: kroniek., Antwerpen-Amsterdam, s.n.
DUYN Roel van, Bloed. Een atoom-roman, Amsterdam, 1972.
FIEUW Roger, De Japanse visser, Brugge, 1959.
LOGGEM Manuel van, Een zon op Hiroshima, Rotterdam, 1963.
POLET Sibern, «H-Bom», in Gedichten, Amsterdam
VANDELOO Jos, Het Gevaar, Antwerpen-Amsterdam, 1960.
VRIES Theun de, VANVUGT Ewald, FERRON Louis, SCHIERBEEK Bert, ANTHIERENS Johan, De dag dat de bom valt, vijf verhalen, Amsterdam, 1983.
WERF Sjoerd van der, Vallende ster: reportage uit de toekomst, Utrecht, 1979.

3. Revues Iittéraires:

Kentering, literair tijdschrift, Delft-Rotterdam (1959-1977)
Kruispunt, literair kwartaalschrift, Brugge (1959- )

4. Textes parus dans Kruispunt abordant le thème de la bombe:

BERNAUW P., «Beschaving», in Kruispunt, nr.69, 1979.
BOUCHARD Chris, «Episode. Een monoloog», nr. 30, 1969.
BRAET Marc, «Daar waar de mens beweegt», nr. 41, 1972. BRAET Marc, gedicht, in Kruispunt, nr. 12, 1961.
CHRISTIAENS Dirk, «Bericht aan de bevolking», nr.36, 1970.
DE BLAERE Filip, «Voor ... nr.52, 1974.
GEERTS Etienne, «Verwachting», nr.6, 1960. LEUNIS August, «Variant», nr.69, 1979. PETERS Leo, «Sonnet», nr.1, 1959.
ROEGHOLT R., «Oorbel», nr.48, 1973.
RUYDT Raoul M. de, «Atoomkreet», in Kruispunt, nr.70, 1979.
SCARPHOUT Ria, gedicht uit «Kosmosgedichten voor kinderen», in Kruispunt, nr.76, 1980.
SCHOETENS Marc, «De lof der zotheid», nr.65, 1978. VAN ACKER Georges, «Zwart», nr.3, 1959.
VAN OS Willem, «Aforismen», nr.56, 1975.
WEEMAELS Frans, «De Ramp», nr.4, 1959.
WILGEN R.L.V., «De derde wereldoorlog is voorbij», nr.24, 1967.